La déshumanisation coloniale continue : Trois dépouilles d’ancêtres africains issues de la période de l’État Indépendant du Congo mises en vente aux enchères à Uccle
Entre 750 et 1000 euros. C’est l’estimation du prix affiché pour, ce qu’appelle l’hôtel de vente Vanderkindere, un “lot de trois crânes humains” classé dans la catégorie “Curiosa” du site de ventes. En 2022, dans notre pays, il est donc encore possible de déshumaniser des personnes au point de s’adonner au recel de cadavre.
Nous avons eu confirmation du recel via une annonce sur le site Internet de l’Hôtel de vente également présente sur www.drouot.com , dont la description, qui fait guise d’arguments de vente, se passe de commentaires :
“Lot de trois crânes humains : un crâne de Bangala anthropophage aux incisives taillées en pointes, un crâne du chef arabe Muine Mohara tué par le sergent Cassart à Augoï le 9 janvier 1893 et décoré d’un bijou frontal, et un fragment de crâne collecté au « Figuier de la mort » dans le village de Bombia dans la province de la Mongala par le docteur Louis Laurent le 5 mai 1894. Portant d’anciennes étiquettes de collection. Provenance : ancienne collection du docteur Louis Laurent à Namur. Époque : XIXème. »
La vente aux enchères de nos ancêtres, dont un qualifié d’anthropophage, est programmée pour le mercredi 14 décembre 2022 à 18h30. Préalablement à cette vente, les dépouilles seront exposées à l’Hôtel de vente quelques jours avant les enchères vulgairement mélangées avec d’autres objets tels que des sacs, des bijoux, des tableaux ou encore des articles d’argenterie.
Entre 750 et 1000 euros, voilà le prix estimé de la dignité de trois êtres humains.
Cette vente odieuse n’est que la énième expression de la déshumanisation issue de la colonisation qui se perpétue encore aujourd’hui. Des crânes, des dépouilles de congolais.es sont encore aujourd’hui considérées comme des “objets de curiosité” que l’on peut exposer en ligne et physiquement, évaluer en argent et vendre aux enchères sans que cela n’interroge quiconque.
Cette vente ignoble démontre à quel point le passé colonial n’a de « passé » que le nom : la violence caractérisée du système colonial se reproduit encore et encore ! Comment pourrait-elle s’arrêter quand aujourd’hui, certains partis politiques (MR, Open Vld, NV-A, Vlaams Belang) s’opposent à la formulation de simples excuses de la part des institutions étatiques au sujet du système colonial belge pour de telles atrocités.
Cette vente infâme soulève encore une fois l’absolue nécessité pour l’État belge d’opérer un travail politique global, coordonné à tous les niveaux de pouvoir, inscrit dans la durée sur la colonisation en tant que période historique et ce qu’elle produit encore comme conséquences aujourd’hui.
Le Collectif mémoire coloniale et lutte contre les discriminations demande instamment :
Dès lors, Le Collectif Mémoire coloniale et lutte contre les discriminations CMCLD par ce communiqué de presse, informe, qu’il a l’intention de porter plainte avec ses membres et associations partenaires, pour recel de partie de cadavre contre l’hôtel de vente Vanderkindere et le site www.drouot.com
Nous appelons aussi à une mobilisation devant les sièges à Uccle de l’entreprise Vanderkindere afin d’empêcher et de dénoncer cet acte colonial et raciste. Les informations pratiques suivront.
Avenue de la Couronne 382, 1050 Ixelles
info@memoirecoloniale.be
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