En réponse à notre communiqué, M. Michel a répondu ce jour qu’il n’était pas question d’enlever cette statue car « cela fait partie de notre patrimoine et de notre histoire. Par contre, nous sommes favorables à l’établissement de fiches pédagogiques pour contextualiser cette partie de notre histoire ».
La réponse du Secrétaire d’Etat confirme les revendications que le CMCLD porte depuis plus de 10 ans : quel patrimoine choisissons-nous de glorifier dans l’espace public ? Qui décide des représentations dans l’espace public et à partir de quel point de vue ?
L’espace public est-il fait pour glorifier les pages les plus sombres de l’histoire de l’humanité ? Ou plutôt refléter les valeurs sur lesquelles sont censées reposer une démocratie ?
Le Palais de Justice est-il un lieu pour la représentation de la hiérarchisation raciale, les violences et abus de droits humains sur une population en raison de sa couleur de peau pendant plus de 4 siècles ? Cela constitue-t-il des éléments patrimoniaux et historiques devant être maintenus fièrement un lieu où la justice est censée s’appliquer?
C’est ce que M. Michel nous confirme au lendemain de la commémoration de l’abolition de l’esclavage. A l’heure où d’autres pays considèrent l’esclavage comme une des pages les plus sombres de leur histoire, la Belgique elle, considère que ce drame humain historique est simplement « un élément patrimonial et historique » nécessitant simplement une fiche pédagogique. M. Michel nous confirme donc que la Belgique selon le MR doit être fière, au 21ème siècle, d’être porteuse de symbole d’inégalités dans son espace public, y compris dans le lieu où est censée se rendre la justice.
M. Michel soutient qu’il revient à la Cour de Cassation et au Musée Royal d’Afrique Centrale de rédiger des « fiches pédagogiques ». Nous ne croyons pas en l’efficacité de ce processus sur le plan décolonial et anti-raciste quand on sait la complexité institutionnelle que soulève un tel processus. L’échec cuisant de la Commission Spéciale passé colonial en est la preuve patente.
En outre, le contenu de ces hypothétiques fiches serait donc rédigé par deux institutions n’ayant pas jugé utile de retirer ou au minimum questionner la présence de cette statue dans le Palais de Justice depuis le 19ème siècle ? Ces deux mêmes institutions seraient-elles soudainement capables d’auto-critique?
En d’autres termes, M. Michel renvoie notre préoccupation aux calendes grecques en se cachant derrière une solution politicienne dont il sait très bien qu’elle ne garantit pas une explication suffisante pour contextualiser une telle statue. La position du CMCLD reste intacte : cette statue doit être retirée tant du Palais de Justice que de l’avenue Louise afin d’être placée dans un endroit plus approprié tel qu’un musée de l’esclavage et du colonialisme*.
*(Ceci n’est qu’un exemple de solution non exhaustif).
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