Il y a exactement un an aujourd’hui, jour pour jour, la Commission spéciale “passé colonial” se terminait en queue de poisson faute d’accord politique sur la question pourtant élémentaire des excuses à présenter par la Belgique pour son système colonial et ses atrocités au Congo, au Rwanda et au Burundi.
Au-delà de cet échec politique, une dernière chose devait encore avoir lieu, à savoir la publication du rapport final reprenant notamment le contenu des auditions et les conclusions du collège d’experts désignés par la Commission. Ce rapport final, prêt depuis des mois, doit uniquement encore être avalisé par les seuls rapporteurs de la Commission pour publication.
A ce jour, le 19 décembre 2023, un an après, « oublié » comme si de rien n’était, ce rapport n’a toujours pas été publié. Une situation expressément voulue par les partis de droite et d’extrême-droite (MR, Vlaams Belang) et laissant visiblement la gauche muette et impuissante.
Le Collectif Mémoire Coloniale et Lutte contre les Discriminations en est profondément indigné et s’insurge contre ce tour de force qui remet en question l’exercice démocratique et le respect des institutions, dont le Parlement.
La non-publication de ce rapport avant la fin de la législature en 2024, entraînera la disparition pure et simple de celui-ci de toutes les archives du Parlement, comme si la Commission spéciale « passé colonial » n’avait tout simplement jamais existé. Pourtant cette Commission a bel et bien travaillé et mobilisé des ressources conséquentes.
Deux années de travail parlementaire, la mobilisation de dizaines d’experts chargés de rédiger rapports et conclusions, plus d’une centaine d’auditions nécessitant traduction et retranscription, et même un voyage des parlementaires au Congo, au Burundi et au Rwanda, tout ça pour en finir par une sorte de “Circulez, on n’a rien vu !”
Toute cette énergie, ce temps et ces deniers publics dilapidés !
Quel budget a donc été dépensé pour cette Commission pour que l’on se permette aujourd’hui de ne même pas publier le résultat de ses travaux, l’objet même de sa mission ?
Ce blocage révèle, en réalité, ce qu’a été cette Commission depuis le début : à savoir une stratégie d’enfumage politique aux frais du contribuable. Une entourloupe consistant pour certain·e·s à faire croire qu’ils/elles étaient prêt.e.s à travailler sur l’histoire de la colonisation Belge et surtout, que le racisme et les discriminations, conséquences actuelles et visibles de la colonisation. Alors que pour eux/elles, l’issue de cette Commission était déjà jouée d’avance : un statu quo sur la question coloniale et sur le racisme actuel, un refus d’acter du travail scientifique réalisé par des expert·e·s compétent·e·s.
Est-ce donc parce que les prétendus “bénéficiaires” de ce rapport seraient les Afrodescendant.e.s et notamment les Belges d’ascendance congolaise, rwandaise et burundaise que la droite se permet d’éventrer ainsi l’exercice minimal de la démocratie et ce en bloquant la publication d’un rapport finalisé ? Se disant qu’un tel mépris de leurs concitoyen·ne·s d’ascendance africaine ne leur serait d’aucun désavantage politique, voire plutôt le contraire ?
Nous sommes tous.tes dépositaires de ce passé colonial que l’on veut enterrer au mépris de l’institution démocratique par essence qu’est le Parlement.
La prise en otage de ce rapport pour des intérêts politiciens doit nous interpeller tous.tes en tant que citoyen.ne.s, quelle que soit notre ascendance, sur l’exercice de la démocratie et l’action qu’exercent les mandataires et représentant·e·s de la population une fois élu·e·s par nos votes.
Le rapport final de la Commission spéciale passé colonial est prêt. Il doit être publié sans délai !
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